Chez les suricates, les femelles jouent les dominantes !

Au sein des groupes, les femelles suricates se révèlent être de véritables tyrans ; en effet, elles détiennent deux fois plus de testostérone que les mâles ! Toutefois, cette domination ne se fait pas sans conséquence…

La domination

Les sociétés matriarcales sont relativement courantes, c’est un fait. Cependant, ce qui est vraiment remarquable, c’est lorsque les femelles détiennent une quantité de testostérone supérieure à celle des mâles. C’est le cas chez les suricates (Suricata suricatta), où les femelles peuvent avoir jusqu’à deux fois plus de cette hormone stéroïdienne que leurs homologues masculins. Pourtant, selon les recherches, cela semble avoir des répercussions sur la santé de ces animaux.

Une véritable tyrannie

Dans les confins de l’Afrique du Sud, les chercheurs se sont penchés sur un cas singulier. Entre 2013 et 2014, dans la réserve de Kuruman, ils ont collecté les fèces de 37 femelles suricates sauvages afin d’analyser leurs niveaux d’hormones sexuelles. Les résultats ont révélé que ces femelles affichaient près du double de testostérone par rapport aux mâles, ce qui les positionnerait en haut de la hiérarchie sociale et les rendrait particulièrement agressives. Et elles tirent profit de cette domination ! Telles de véritables tyrans, elles ont été observées en train de bousculer, charger et voler de la nourriture aux autres membres du groupe. Plus encore, elles exercent un contrôle sur la reproduction en exilant les femelles enceintes ou en tuant leur progéniture. Les femelles restantes se trouvent alors contraintes de nourrir et de veiller sur les jeunes de la femelle dominante plutôt que sur les leurs.

l’Agressivité au niveau de la santé

L’agressivité peut sembler être un moyen efficace de survie, mais elle n’est pas sans conséquences sur la santé. Pour étudier cette dynamique, l’équipe de chercheurs a examiné 12 clans de suricates comportant 37 femelles matures sexuellement : 11 dominantes, 25 subordonnées, et une en phase de transition entre les deux statuts. Ils ont comparé le nombre d’œufs de parasites dans les urines en fonction du taux de testostérone de ces femelles. Cette étude a porté sur six parasites de la famille des nématodes, des vers ronds pouvant coloniser divers tissus, notamment musculaires.

Les résultats ont révélé que seule l’une des subordonnées n’avait pas été infectée, tandis que deux des femelles dominantes avaient été contaminées par les six espèces de parasites étudiées. Ainsi, le statut social des suricates semble étroitement lié aux infections parasitaires.

Ces résultats fournissent les premières preuves d’un compromis entre agressivité et santé chez les suricates. Cependant, est-ce que cela en vaut la peine ? Certes, les jeunes de la femelle dominante ont plus de chances de survivre, et elle-même est protégée par le reste du groupe. Cependant, un fort taux d’androgènes comporte de nombreux inconvénients. Comme chez les humains, un niveau élevé de testostérone peut entraîner une infertilité, et chez les suricates, cela pourrait également altérer le comportement maternel.

Du point de vue de la santé, les femelles dominantes sont plus susceptibles d’être parasitées, et étant donné leur position centrale au sein des groupes, elles risquent de transmettre ces infections à leurs congénères. Cependant, les conséquences de ce parasitisme demeurent encore inconnues. Dans d’autres espèces, les nématodes parasites peuvent entraîner des carences nutritionnelles et affaiblir les facultés de l’organisme. Il reste à voir si cette tendance observée chez les suricates sera viable à long terme.

L’explication ultime de la capacité des femelles dominantes à maintenir leur aptitude (succès reproducteur et valeur adaptative) malgré les parasites pourrait être attribuée à l’assistance des subordonnées. Dans cette coopération obligatoire, les subordonnées réduisent les coûts énergétiques pour la femelle dominante en fournissant du babysitting, de l’allaitement et de la protection, libérant ainsi la femelle dominante de la recherche de nourriture. En l’absence d’une telle aide, la femelle dominante pourrait être incapable de répondre à ces demandes de reproduction/maintien de la dominance tout en gardant les infections parasitaires sous contrôle.