Dans les étendues glacées de l’Antarctique, une espèce de manchot bat tous les records en matière de siestes : le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarcticus). Ces oiseaux font plus de 10 000 siestes par jour, mais chacune ne dure que quelques secondes.
Ce comportement, connu sous le nom de “microsiestes”, est fréquent chez de nombreuses espèces aviaires. Cependant, le manchot à jugulaire surpasse toutes les autres espèces en effectuant ces courtes périodes de sommeil à une fréquence exceptionnelle. Selon une étude publiée dans la revue Science par des chercheurs français et coréens le 30 novembre, cette habitude s’explique par leur besoin de rester vigilants contre les prédateurs potentiels, même pendant leur sommeil.
Cette observation est d’autant plus significative pendant la période de couvaison, lorsque les manchots doivent protéger leurs œufs des prédateurs tels que le labbe antarctique. Pendant que l’un des partenaires couve les œufs, l’autre part en quête de nourriture, une absence qui peut durer des jours. Les siestes fréquentes permettent aux manchots de se reposer tout en restant attentifs aux dangers environnants.
Des chercheurs ont équipé 14 manchots de l’île du Roi George de capteurs pour mesurer leur activité cérébrale et les mouvements de leurs muscles du cou, ainsi que d’un GPS pour suivre leurs déplacements. Les résultats ont révélé que la durée moyenne d’une sieste était de 3,91 secondes, répartie tout au long de la journée.
Cette étude souligne l’importance de reconnaître que le sommeil prend différentes formes chez les animaux, et que ces formes peuvent être mal comprises. Nos connaissances sur la biologie du sommeil reposent principalement sur des espèces étudiées en laboratoire, ce qui souligne le besoin de recherches supplémentaires sur les comportements de sommeil dans des environnements naturels.
Alors que les manchots totalisent environ 11 heures de sommeil en effectuant ces milliers de siestes, il est important de noter que cette habitude ne devrait pas être imitée par les humains.