Un lézard change de sexe face à la canicule

Le phénomène a été observé chez le dragon barbu d’Australie, représentant une première observation chez les reptiles en milieu naturel.

La thermosensibilité

Chez la plupart des mammifères, y compris les humains, le sexe est déterminé par un système génétique basé sur la présence de chromosomes X ou Y. Une configuration de double X indique un individu femelle, tandis qu’une paire XY désigne un individu mâle. En revanche, chez les reptiles, ce schéma est inversé : on parle de chromosomes ZZ pour les mâles et de ZW pour les femelles. De plus, ces caractéristiques sexuelles sont influencées par la température à laquelle les œufs sont exposés lors de l’incubation. En dessous d’une certaine température, la majorité des embryons éclosent en mâles, tandis qu’au-dessus de cette température, la proportion de femelles augmente. Il est également possible que ce changement de sexe se produise après l’éclosion.

Une étude menée par l’Université de Canberra et publiée dans la revue Nature le 2 juillet 2015 a mis en lumière une observation remarquable : certains individus mâles peuvent changer de sexe en réponse à une augmentation de la température. Cette adaptation environnementale sans précédent a été observée au sein d’une population de reptiles sauvages, une occurrence relativement fréquente chez les poissons et plus rare chez les amphibiens. Cette particularité a été étudiée chez le dragon barbu (Pogona vitticeps), une espèce de lézard endémique d’Australie.

L’étude, portant sur 131 individus, a révélé que 11 d’entre eux étaient génétiquement des mâles (avec une paire de chromosomes ZZ), mais présentaient des organes génitaux femelles. Ce changement de sexe s’observe principalement au-delà de 32 °C et sa fréquence augmente avec la température. En résumé, à mesure que la température augmente, un nombre croissant de lézards génétiquement mâles se transforment en femelles, entraînant une augmentation des individus capables de pondre des œufs.

Les chercheurs ont constaté la disparition du chromosome W dès la première génération, mais sa réapparition s’est produite rapidement lorsque les lézards “classiques” ont été réintroduits. Cette observation soulève des questions sur la capacité d’adaptation des espèces face à des changements climatiques brusques. Bien que les détails sur la durée exacte de ce processus de métamorphose fassent défaut, il est clair qu’il se produit de manière naturelle et rapide.

Lorsqu’une espèce est confrontée à une augmentation soudaine et significative de la chaleur, son métabolisme semble permettre de rétablir (ou du moins de corriger) l’équilibre entre le nombre de mâles et de femelles. De plus, il n’y a aucune entrave à la reproduction entre les lézards mâles et les individus ayant subi cette transformation, ces derniers présentant même un taux de fertilité supérieur.

Cependant, il reste à déterminer si ce scénario est une réponse adaptative au changement climatique ou une caractéristique naturelle chez ce reptile. De même, il est crucial de comprendre si cette évolution est bénéfique ou non pour l’espèce à long terme.